Accepter ou refuser un CDI

Accepter ou refuser un Contrat à Durée Indéterminée (CDI), pour certaines personnes, la question ne se pose même pas. C’est un grand OUI, je le veux ! N’est-ce pas pour cette raison que j’ai dû faire des études ? N’est-ce pas le CDI qui va m’assurer un salaire ? Le CDI qui va m’assurer un prêt personnel pour acheter une voiture, ou un crédit immobilier pour acheter la maison de mes rêves ? Beaucoup pensent que le CDI est le Saint-Graal, qui enlève toute précarité. Le schéma conçut par la société voudrait qu’on ait un Bac+5, puis un CDI, puis qu’on achète un appartement, puis qu’on se marie, puis qu’on vive cette vie paisible et tranquille pour toujours. Alors, bien évidemment que je vais accepter le premier CDI qu’on va m’offrir, encore plus lorsque le marché de l’emploi en 2020 est déjà bien saturé. Mais est-ce vraiment une bonne idée ?

Mon premier CDI à 21 ans

Pour ma part, je n’ai pas fait de Bac+5, je me suis contentée du Bac+3 (la vérité était que je n’avais plus un seul euro pour poursuivre, et qu’il me fallait rapidement travailler!). Alors je suis allée sur le marché de l’emploi. On nous avait dit et redit pendant nos années d’études, que le marché de l’emploi était très concurrentiel, et qu’il ne serait pas simple de trouver du travail. Je m’étais donc inscrite à Pôle Emploi avec ses bases- là. En me disant, bon, j’ai besoin d’argent, j’essaie de postuler à des offres d’emploi qui me plaisent, et si je ne trouve pas, je prendrai un emploi par défaut.

Trois mois plus tard, je trouvais un emploi de réceptionniste trilingue. Un CDI. En fait, je ne me suis même pas posée de question, je ne me suis pas demandée si j’allais être heureuse dans ce travail, si ça allait me correspondre, si c’était bien ce que je voulais faire. Je me suis juste focaliser sur le CDI, en me disant, c’est bon, je suis sortie d’affaire ! En fait, ce n’était pas si difficile que ça ! A 21 ans, je me sentais, rien que par ce CDI, totalement accomplie.

Il s’avère que rapidement, j’ai compris que je ne serai pas épanouie dans ce travail. Mais j’avais la pression du CDI sur mon dos. Démissionner d’un contrat à durée indéterminée à 21 ans, ne serais-je pas en train de perdre la tête ? C’est ce que tout le monde rêve d’avoir ! De jour en jour, je pâlissais, de plus en plus malheureuse. J’ai dû me rendre à l’évidence 10 mois plus tard, je ne pouvais pas rester dans cette entreprise. Mais comment partir d’une entreprise sans se retrouver à sec lorsque l’on a signé ce genre de contrat ? J’étais jeune, je vivais encore chez mes parents, je n’avais pas de crédit, alors j’ai juste pris le risque de partir, démissionner, et subis la perte totale de mes revenues.

Le CDI, est-ce indirectement un piège ?

Le CDI, bien évidemment que c’est une sûreté, une certaine stabilité. Ce contrat ouvre des portes, et permet de se projeter. C’est parfait si l’on sait exactement ce que l’on veut. Si on a trouvé le boulot de ses rêves, si on a pour but de fonder une famille et d’acheter une maison, mais bien sûr, il faut foncer !

Mais dans d’autres cas, quand on n’est pas sûr(e), ni d’aimer l’emploi proposé, ni de vouloir se poser dans la ville où se trouve le travail, il convient de bien y réfléchir. Pourquoi ? Parce que pour sortir d’un CDI et rompre le contrat, sans devoir faire face à une perte de salaire, c’est très compliqué ! La loi dit qu’à partir du moment où l’on se prive volontairement de travail, l’on ne peut pas avoir droit à des indemnités Pôle Emploi. Alors si vous êtes hébergé(e), que vous n’avez pas de grosses charges financières, et un peu d’argent de côté, ça peut se faire sans trop d’angoisse. Autrement, il n’est plus possible de juste démissionner. Car cela implique trop de conséquences que de se retrouver sans salaire.

J’ai (trop) souvent été confronté à ce genre de problème où l’unique solution était de devoir demander une rupture conventionnelle à mon entreprise, pouvoir toucher mes indemnités Pôle Emploi. Seulement voilà, ce n’est pas quelque chose d’automatiquement accepté, car votre entreprise devra vous verser une indemnité de départ !

Dans mon cas, le CDI a souvent été un piège, duquel je ne pouvais plus sortir. Lorsque l’on veut partir d’un travail, pour X raison que ce soit (déménagement, changement de vie, formation ou reprise d’études, à cause d’un travail qui nous rend malheureux(se), etc) il n’existe pas beaucoup de possibilités pour pouvoir toucher des indemnités Pôle Emploi derrière (indemnités pour lesquelles nous avons cotisé, accessoirement). Il existe des démissions dîtes légitimes, qui permet de toucher aux allocations de retour à l’emploi, mais elles sont bien spécifiques, et ne s’applique pas toujours au commun des mortels. Ces indemnités, devraient pouvoir nous aider à faire face, le temps de : suivre la formation qui nous permettrait une ré-orientation professionnelle, trouver un autre emploi, déménager, souffler un peu pour ceux qui sont dans des cas de burn-out, etc.

J’ai parfois passé des heures derrière un écran d’ordinateur, à essayer à travers divers textes de loi, de trouver une solution pour pouvoir partir sans trop de casse financière, je n’ai jamais rien trouvé. Une seule fois, j’ai eu la rupture conventionnelle, étant en bons termes avec l’entreprise qui comprenait tout à fait mon projet derrière. Tout le reste du temps (2 fois), j’ai dû démissionner, tout calculer pour ne pas me retrouver dans le rouge, le temps de retrouver un autre emploi. Une autre fois, j’ai du partir d’un CDI que j’aimais à cause d’un gros souci financier (ça paraît contradictoire, et pourtant !) et c’était toujours la complication. Bien sûr, la majorité vous dira « mais pourquoi tu ne cherches pas un nouveau travail, en parallèle de celui que tu veux quitter ? » Et si seulement c’était si simple, je réponds ! Oh, et ne pensez pas que la période d’essai vous sauve, et que vous pourrez partir sans risque pendant cette période et toucher vos droits : c’est faux !

Focus : quelles sont les démissions légitimes qui ouvrent des droits à Pôle Emploi ?

A titre informatif, car maintenant je suis bien calée sur le sujet, il existe des démissions reconnues légitimes par Pôle Emploi et qui permettent donc de bénéficier de ses indemnités. Les voici :

  • Dans le cadre d’un déménagement : pour suivre son conjoint muté professionnellement, après un mariage ou un pacs, si l’on est victime de violence conjugale, pour suivre un enfant handicapé placé dans une structure éloignée, pour suivre les parents si l’on est mineur.
  • Démission d’un nouvel emploi après un licenciement (sous diverses conditions)
  • Démissionner d’un contrat aidé pour suivre une formation
  • En cas de non-paiement de votre salaire
  • Si vous êtes victime d’actes délictueux au travail
  • Dans le cas d’une création ou reprise d’entreprise
  • Pour un projet de reconversion professionnelle (sous diverses conditions)
  • Pour effectuer un service civique ou un volontariat
  • En cas de reliquats de droits à Pôle Emploi (sous diverse conditions)

Il existe donc bien des portes de sortie, mais elles sont très précises, très réglementées, et surtout, ne s’appliquent pas forcément à tous les cas.

Alors, dois-je accepter ou refuser une proposition de CDI ?

En fait, avant d’accepter un CDI, je pense qu’il faut vraiment se poser les bonnes questions. Est-ce que j’aime ce travail ? Est-ce que je me vois y rester sur du long terme ? Est-ce que j’aime vraiment la ville dans laquelle je me trouve ? Est-ce que j’ai réellement envie de me poser ? Si la réponse n’est pas oui à chaque question : SOS. Peut-être serait-il plus judicieux de demander à l’entreprise de partir sur des contrats à durée déterminée (CDD), le temps pour vous d’être bien certain(e) de votre choix. Ainsi, il n’y aura pas de conséquences, car lorsque votre CDD se terminera, vous pourrez toucher vos droits chez Pôle Emploi. Je regrette que le système soit aussi fermé pour les personnes démissionnaires. Car je suis persuadée que cela bloque totalement les personnes qui se rendent malades pour aller travailler chaque matin, ne pouvant tout bonnement pas partir juste comme ça.

Personnellement, je me pose de plus en plus de question concernant le free-lance. Le confinement m’a montré à quel point j’adore travailler de chez moi, je n’ai aucun souci de motivation, et m’organise bien mieux. Certaines personnes n’ont pas besoin d’un cadre particulier pour pouvoir travailler, je fais parti de ces gens-là. Les digitales nomades par exemple, me font rêver. J’ai encore tellement de choses à apprendre, et souhaite reprendre mes études, à distance. Le free-lancing serait vraiment l’idéal. Rien n’est jamais parfait, on est d’accord, et être en free-lance apporte aussi son lot de soucis et d’instabilité. Mais, savez-vous que rien n’est jamais figé dans la vie ? 🙂

J’aimerais beaucoup avoir votre avis sur le sujet. Êtes-vous en CDI et épanoui(e) ? Êtes-vous en quête du CDI ? Êtes-vous en CDI et malheureux ? Êtes-vous en free-lance ? Je serais ravie qu’on puisse échanger là-dessus, alors n’hésitez surtout pas à m’écrire en commentaire, ou e-mail privé si cela vous va mieux.

Je vous embrasse, E.

16 commentaires sur “Accepter ou refuser un CDI

  1. ils ont déjà accordé la rupture conventionnelle à une ancienne collègue, mais pas sûre qu’ils en accordent d’autres et puis, même si ça donne droit au chômage, retrouver un taf dans mon domaine (pas porteur) s’annonce difficile, c’est pourquoi je préfère attendre d’en trouver un tout en restant en poste : les allocs chômage ne sont pas éternelles et c’est encore pire avec les réformes récentes… :-/

    J’aime

  2. Coucou ! Merci pour ton petit mot. Je comprends bien ton dilemme… après peut être que tu peux négocier une rupture conventionnelle ? Tu ne partirais pas sans rien ! C’est compliqué de « subir » son travail ou même son environnement de travail… J’espère de tout cœur que tu trouveras une solution ! 😘 Bises, Erika

    Aimé par 1 personne

  3. Pour ma part je suis en CDI depuis bientôt 7 ans dans la même boîte mais je ne suis plus épanouie depuis plusieurs années maintenant (rachat de la boîte par des cons qui font passer l’humain au dernier plan et ne pensent qu’au profit, ambiance qui s’est beaucoup dégradée, manque d’intérêt de mes tâches…) ; c’est dommage parce que j’adore mon métier (c’est ma vocation, j’aurai mis du temps à la trouver !), mais je déteste mon boulot…
    Je cherche ailleurs pour pouvoir partir car jamais je ne prendrai le risque de démissionner sans rien derrière !
    Le freelance, j’y pense mais j’ai tellement peur de foirer (je bosse dans un secteur qui est très concurrentiel…) !

    J’aime

  4. Hello 🙂 Super article, personnellement je rêvais auparavant d’avoir un CDI mais avec un peu de recul et souhaitant vivre à l’étranger sous peu je me dis que cela compliquerait pas mal les choses.

    J’aime

  5. Coucou ! Merci pour ton message. Le sujet est tellement vaste, je suis bien d’accord avec toi. Et j’espère aussi, qu’avec le temps, ces lois un peu strictes vont y trouver plus de cas d’exception. Je suis d’accord avec le principe, se priver volontaire de travail ne peut pas ouvrir de droits…Mais parfois en creusant, on se rend compte que les gens ont un réel besoin/projet derrière, et que ce n’est pas fait juste pour le plaisir, ou juste parce que subitement, on a décidé qu’on n’avait plus envie de travailler…. Bonne journée, bises !

    Aimé par 1 personne

  6. Coucou ! c’est un sujet si vaste ! j’ai souvent eu des CDI mais il est vrai que c’est difficile de s’en défaire ( surtout dans la fonction publique!) il faut être sure d’avoir quelque chose à la suite car pas d’indemnité. Il faut bien réfléchir en effet, le souci étant malheureusement que souvent tout est tout beau tout rose au début..ça se gâte par la suite lol c’est important lorsque l’on recherche une certaine stabilité ou faire un achat de maison ou voiture. J’espère sincèrement que la loi va évoluer de ce côté. et que l’on pourra « quitter » + librement un CDI qui ne nous plait plus. Belle soirée bisous

    J’aime

  7. Hello Sarah ! Pour moi c’est pareil, et c’est aussi et surtout parce que je pense que les sujets que j’étudie en autodidacte m’intéressent beaucoup plus que certains boulots que j’ai pu avoir en CDI…

    Aimé par 1 personne

  8. Coucou Alice, merci pour ton message ! Je suis allée lire tes articles super intéressants d’ailleurs 🙂 je partage tout à fait tes idées ! Et en fait c’est ça le sujet principal, si on aime le travail, et que le salaire est correct on peut avoir de beaux jours en CDI c’est top. Sans compter les congés payés, les formations, les collègues sympas, le 13e mois parfois,… Je pense que ce qui décourage beaucoup les gens (en tous cas, ce qui m’a découragé moi!) c’est que parfois on n’a pas toujours le boulot qui nous plait, et encore moins le salaire adéquat ahaha alors le CDI est vite remis en question, d’où mon envie de tester le freelance…au pire, je me plante et je retourne sur un contrat ! Bref, je suis très contente d’avoir eu ton avis 🙂 Bises, Erika.

    J’aime

  9. Coucou, très bonne question! Je trouve qu’on apprend parfois beaucoup plus de choses par soi même. J’ai fait un cdi pendant un an ou j’ai beaucoup stagné et depuis que j’apprends en auto didacte je suis beaucoup plus satisfaite !

    J’aime

  10. Article très intéressant. Pour ma part, je suis dans la situation bac+5 et CDI depuis un peu moins de deux ans. Je dois avouer que je me suis posée la question de me mettre en freelance ou pas, mais de 1) j’ai un prêt pour mes études à rembourser donc j’ai besoin d’avoir un salaire régulier et de 2), j’avais envie d’être entourée, pouvoir poser des questions et demander de l’aide à mes collègues et de 3) le salaire proposé était très correcte.

    Mon travail me plait, mais avant d’en arriver là, je me suis posée de nombreuses questions et je m’en pose toujours beaucoup d’ailleurs. J’ai d’ailleurs écrit plusieurs articles sur le sujet : https://foxandfire.fr/et-toi-tu-fais-quoi-dans-la-vie/ ou https://foxandfire.fr/pourquoi-je-suis-en-cdi/. Je dis pas que je ferai ce choix toute ma vie, mais actuellement ça m’apporte beaucoup et tant que j’arrive à trouver un équilibre, ça me va 🙂

    J’aime

  11. Salut Erika !
    Non la question ne se pose plus, je rentre bien en France car fin de mon visa, le Canada c’est magnifique mais je ne m’y projette pas d’y vivre pour la vie ahah.
    Oui tu as bien raison

    Aimé par 1 personne

  12. Coucou Marion ! Est-ce que la question se pose entre rester au Canada ou revenir en France ? 🙂 Je te demande, car j’ai longtemps tenté l’aventure Canadienne, sans jamais réussir à avoir le permis de travail…
    Mais je suis d’accord avec toi concernant l’entreprise, on ne sait jamais tant que l’on y est pas, si on va s’y plaire ou non … Souvent j’ai « pris le risque » et au final, je ne suis quand même pas restée… Je reste convaincue, dans mon cas, qu’il vaut mieux commencer avec un CDD de 2 mois ça laisse déjà le temps de voir, avant de me lancer corps et âme dans un CDI dans lequel je risque de rester bloquée. Souvent, ça arrange aussi les entreprises, eux aussi on le temps devoir notre travail, plutôt que de devoir stopper une période d’essai. Je te souhaite un bon retour chez toi, et de trouver ton bonheur ! Bises, Erika.

    Aimé par 1 personne

  13. Hello ! Super article et bonne question ahah, pendant longtemps j’ai fait des saisons en hôtellerie donc CDD puis je me suis envolée pour le Canada, bientôt l’aventure se termine et le retour en France, la question du CDI est donc en tête.
    J’hésite encore pour reprendre les saisons ou bien me poser quelque part sans vraiment savoir si l’entreprise me plaira car après tout on ne sait jamais tant que l’on y est pas.

    J’aime

Laisser un commentaire